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Photo du rédacteurThomas Patris de Breuil

Regards croisés : Beckett et le théâtre


Lieu de vie, la sortie théâtre est souvent une bonne occasion pour se réunir entre amis. Puis l’associer au plaisir du bistrot de quartier où la gouaille du serveur interrompt brièvement le plaidoyer en faveur de Denis Lavant, acteur magistrale dans « fin de partie » de Samuel Beckett au théâtre de l’Atelier. On tient là un beau moment de vie.


Profitant d’une programmation théâtrale parisienne très beckettienne, trois amis, curieux d’en connaitre davantage sur la langue de Beckett, composèrent leur programme en 3 séquences. « Fin de partie » mise en scène par Jacques Osinki au théâtre de l’Atelier fut la première.


Jamais facile de se plonger dans une dystopie alors que vous sortez juste de la ligne 13 du métro. Samuel Beckett parvient ce tour de force dans cette fable apocalyptique où se succèdent de longs moments de silence et de folie. Le huis clos dans lequel se trouvent les quatre personnages pourrait être l'enfer, le purgatoire, ou le dernier refuge d'un monde anéanti. La pièce met en scène des personnages physiquement handicapés, dont les deux principaux sont Clov, qui est le seul à pouvoir se déplacer à sa guise ou presque, et Hamm qui est son maître.


Nourris de souvenirs diffus, les discussions sont souvent banales et répétitives. Rien ne se passe mais tout change. Le temps est comme suspendu. On comprend que les silences seront aussi importants que les mots. Le désespoir ambiant devient burlesque. On ne sait plus s’il faut rire ou non, les notions spatio- temporelles n’existent plus. La magie du théâtre prend le dessus.


« En attendant Godot » de Alain Françon au théâtre de la Scala suit la même lignée : le recours à l’absurde. Le synopsis ne donne pas forcément le change. Concrètement, on y voit deux types un peu paumés qui attendent un dénommé Godot. Point final. Mais là n’est pas le sens de la pièce. Vertus omniprésentes, la patience et l’attente sont élevées au rang d’art. Le dialogue circule entre de basses considérations sur les conditions misérables de leur existence, et de plus hautes sur la vie, le temps, Dieu et le monde, dans une dynamique dramatique qui brouille échelles et valeurs, et travaille, à tous les niveaux, des mécanismes obsédants de répétitions et de variations. Pas snob pour un sou, cette mise en scène captive le spectateur.


Partager cette passion du théâtre avec des amis, c’est comme aller au stade le dimanche après-midi. On laisse les artistes s’exprimer puis on débat sur la prestation autour d’une pinte à la main. Les plaisirs simples avant tout.




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