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Photo du rédacteurThomas Patris de Breuil

Précurseurs ou flingueurs ?

Dernière mise à jour : 13 mai 2020

A l’heure où la plupart des grands championnats européens étudient toutes les pistes pour pouvoir reprendre leurs droits, la décision de la fédération française de football semble prématurée et exacerbe les discordes entre les différents acteurs du foot français. La précipitation de cette décision place notre championnat dans une posture délicate tant sur le plan économique, sportif que médiatique.

Renoncer sans avoir essayé

Que la décision d’arrêter ou non le championnat soit la bonne, pour l’instant personne ne peut le savoir et ce n’est à la limite pas le plus important. Pourquoi ne pas avoir attendu quelques semaines de plus avant de décréter que la reprise n’était possible sous aucune condition ? La situation sanitaire sera-t-elle différente dans quelques mois ? Rien n’est moins sûr. Étant un sport collectif et de contact, le football est, de facto, exposé au virus. Tant que le vaccin ne sera pas disponible au grand public, la part de risque existera. Doit-on pour autant suspendre tous les championnats jusqu’à cette échéance ? Intenable économiquement. Partant de ce constat, il semblait raisonnable de patienter, de concerter les acteurs du football dans leur ensemble, pas de façon désunie. Dans la gestion de cette crise, le milieu du football français s’est écharpé autour d’intérêts individuels plutôt que de trouver une solution d’intérêt général. Ni les instances footballistiques ni ses dirigeants n’ont su créer cette union sacrée qui aurait pu donner un autre visage à notre ligue 1.

Un gouffre économique

L’impression de devoir s’excuser à chaque fois que l’on ose prononcer ce mot. « Économie ». Oups, je l’ai dit. Il est évident que le respect de la santé de chacun est prioritaire mais il va falloir remettre l’espace d’un instant l’économie au milieu du village car le désastre économique n’est pas loin.

Mediapro et ses 3 milliards investit sur 4 ans pour obtenir les droits de la ligue 1 française est en très mauvaise posture. Un de ses principaux concurrents, Canal+, revient très fort dans la partie avec le rachat de 2 matchs par journée à Bein Sport additionnés à ceux obtenus pour la ligue des champions. Curieux de savoir combien de fans de foot sont prêt à payer 25 euros par mois quasi uniquement pour de la ligue 1. Pas foule en tout cas. Il sera d’autant plus compliqué économiquement pour Médiapro de verser ce qu’il doit à la ligue. Péril numéro 1.

Les footballeurs de L1 ne pouvant plus exercer leur métier, leur valeur marchande risque de s’effondrer. Partant du constat que le trading de joueurs est une composante économique cruciale du business model des clubs français, les pertes abyssales semblent inéluctables. Péril numéro 2.

Le manque à gagner estimé à 440 millions d’euros environ (droits TV, billetterie, sponsors etc…) modifie considérablement les perspectives financières de la ligue 1. Pour compenser ce manque, le foot français a souscrit un PGE (prêt garanti par l’État) de 235 millions. Ajoutés aux 468 millions annuels de Mediapro, la fête devait être de retour mais rien n’est moins sûr que le diffuseur soit en mesure de payer. Contracter un emprunt de 235 millions additionnés à 440 millions de perte pour faire all in sur la fragilité d’un nouveau diffuseur, tel est le péril numéro 3.

Aulas ou la méthode de l’usure

Le boss lyonnais parait bien isolé dans l’écosystème du foot français. Son influence semble déclinante. Certains le trouvent indécent, d’autres ne lisent même plus ses déclarations. Ses méthodes de communication sont détestables et brouillent son message. Privilégier ses intérêts individuels plutôt que l’intérêt général l’a desservi. Mais sa compréhension globale de la situation pousse à croire qu’il n’a pas faux sur toute la ligne et qu’il serait judicieux de l’écouter d’une oreille plus attentive. Il en va de la place du foot français sur la carte européenne. Jean Michel Aulas l’a bien compris.

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