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Photo du rédacteurThomas Patris de Breuil

Le « Koh Lanta » du monde de la recherche

« La course aux vaccins. La course aux vaccins. La course aux vaccins ». De France Inter au journal hebdomadaire du département du Cantal, le sujet est sur la table. Problématique d’importance mondiale, chaque pays et chaque labo pharmaceutique souhaite attraper le « vif d’or » le premier. Mérite non négligeable, il permet de braquer les projecteurs sur le monde de la recherche en France. Précarité des doctorants, manque de budget, épuisement, surcharge bureaucratique… Un état des lieux saisissant mais pas sans espoir.


Survivre dans le monde de la recherche


« Pour réaliser sa thèse, le financement c’est le nerf de la guerre ». Sophie, 25 ans, doctorante en biologie à l’Inserm raconte les obstacles imposés notamment aux jeunes chercheurs. « Mon statut de salariée/ doctorante est une sorte de CDD affilié à l’INSERM. C’est particulier comme statut. Pas vraiment des salariés, pas vraiment des étudiants ». Selon les chiffres de l’enseignement supérieur et de la recherche en 2018, plus de 60% des doctorants en sciences humaines n’ont pas obtenu de financement pour réaliser leur thèse contre 5% pour les jeunes chercheurs en sciences fondamentales. « Les entreprises sont beaucoup plus attirées par les recherches en sciences fondamentales car elles leur sont plus utiles ».


Objectif « CDI-sation »


¼ des 80 000 enseignants du supérieur, additionnés aux 110 000 vacataires (chiffres enseignement supérieur 2018) ne sont pas permanents et n’ont donc pas le statut de titulaire. Rareté des postes de titulaires dans le public pour une forte demande du secteur privé. « L’environnement global public fait qu’on pousse les chercheurs à partir dans le privé. Meilleures conditions de travail, plus de budget et de financement, rémunération 3 fois supérieure au public. Il est compliqué d’être titularisé dans le public, les postes sont rares et ceux qui obtiennent le Graal le conserve pendant des années. Il y a assez peu de roulement ».


La question budgétaire


La France s’était engagée lors du sommet de Lisbonne en 2000 à consacrer 3% de son PIB à la recherche publique. En 2020, on est à 2,25% vs 2,8% et 2,9% pour les Etats-Unis et l’Allemagne. Alors oui, la France n’investit peut-être pas assez dans la recherche et l’innovation mais ce n’est pas son seul péché. L’empilement des taxes et des réglementations rebutent un certain nombre de chercheurs français qui préfèrent s’expatrier aux Etats-Unis où la vie est plus facile. « Quand je serai post-doctorante, le choix sera encore plus difficile. Le choix de la facilité en partant à l’étranger ou se battre dans la jungle de la recherche française. En toute franchise, un des objectifs primordiaux d’un chercheur est de publier dans des revues spécialisées, si possible dans des gros journaux. C’est par là que passe la reconnaissance dans le monde de la recherche. Pour publier efficacement, travailler dans un labo avec des moyens conséquents est un atout indéniable. » Sanofi est le seul représentant français sur 30 entreprises dans le classement Idea Pharma de 2018 dont le critère est l’innovation.


Bien qu’essentiel au monde de la recherche française, le prisme de l’innovation est bridé par de trop nombreux facteurs réglementaires et administratifs.

Parce que tout ne va pas mal et qu’il est important de parler aussi de ce qui fonctionne (exit donc pour aujourd’hui le projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) qui suscite un tollé dans le monde de la recherche français), mettons en avant la place de la France dans les mathématiques mondiales. Selon le rapport de l’OST (2019) la France, pointe au troisième rang mondial avec 6,5% des publications, dépassée uniquement par les Etats-Unis (20,1%) et la Chine (13,4%). Ce n'est pas Cédric Villani qui boudera ce plaisir!

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