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Photo du rédacteurThomas Patris de Breuil

La Scala du foot

Il est souvent de bon ton de jeter des ponts entre la musique et le sport. Deux univers qui s’assemblent et se ressemblent furieusement. Maestro (s) de Bruno Chiche, loin d’être le film de l’année, fait ressortir nombre de caractéristiques de l’univers footballistique.

De la gestion des egos dans une troupe au rôle du chef d’orchestre, rien n’est laissé au hasard. Face à ce monstre du divertissement qu’est le football, la musique n’est pas en reste. Pour Pierre Arditi dans Maestro, devenir directeur musical de la Scala de Milan, c’est le projet d’une vie, un aboutissement. L’équivalent musical de la coupe du monde.

Pour Bruno Chiche, c’est un film rondement mené. Aucune fausse note, un vrai sens du tempo dans ce Maestro(s) remarquablement écrit, dirigé et joué. Didier Deschamps ne sera sans doute pas le prochain directeur de la Scala, mais il est bel et bien le chef d’orchestre de cette équipe de France qui n’en finit plus de se réinventer.


Une comédie musicale


Ce n’est pas Gala avec son « Freed from desire » qui dira le contraire, la troupe à « DD » vit bien et chante beaucoup. Après chaque match gagné, les scènes de retour à l’hôtel des joueurs sont toujours savoureuses. La douce impression d’une bande de potes en colonie de vacances qui s’apprête à partir en soirée mousse. Là est la force de cette équipe et de son chef d’orchestre Didier Deschamps, composer une troupe de solistes capable de jouer et de vivre ensemble pendant 1 mois sans trop de querelles d’ego qui nuiraient au groupe.


Avant et au début de ce Mondial, Deschamps a pourtant dû jongler avec les pépins, trancher sur le cas de Karim Benzema, dont la situation physique aurait pu plomber les conversations, et se sortir d’un contexte pesant. Nombre de ses choix se sont révélés payants. Reconstruire son animation en trouvant un rôle différent à Antoine Griezmann et en acceptant de complètement détacher Kylian Mbappé de l’animation défensive.


Et à la fin ce n’est plus l’Allemagne qui gagne


"Le football est un sport qui se joue à onze contre onze, et à la fin, c'est l'Allemagne qui gagne". Prononcée il y a plus de trente ans par celui qui était l’époque le buteur de l’équipe d’Angleterre, Gary Lineker, ce dicton est en passe de mal vieillir. Non sans rappeler les échecs successifs de la Mannschaft depuis le mondial 2014 (pensée affectueuse pour les brésiliens), c’est surtout l’équipe de France qui par ses résultats bluffant depuis l’Euro 2016 fait de « l’appropriation culturelle ».


Confiance en leur capacité et en leur jeu tel un étudiant qui a bien bossé toute l’année ses contrôles continus et qui arrive les muscles gonflés aux épreuves de fin d’année. Une douce impression qui ne peut rien arriver à cette équipe même lorsque les vents sont contraires. Ni les forfaits successifs d’une poignée de nos meilleurs joueurs, ni le coup du sort de l’absence de Benzema, ni un milieu new-look, constitué au dernier moment n’ont eu raison de cette confiance à toute épreuve.


Un premier violon masterclass


Un chef d’orchestre n’est rien sans son premier violon, ce n’est pas Pavarotti qui nous dira le contraire. Quelle ne fut pas son hésitation entre une carrière de gardien de but et une autre de ténor ? Mais l’amour de la musique finit par être plus fort que celui du ballon rond.

Antoine Griezmann est le premier violon de Didier Deschamps. Il est le musicien le plus important pendant les répétitions et les concerts. Outre son rôle de soliste, il veille sur son pupitre, peut décider des coups d’archet sur une partition et exerce une autorité morale, faisant le lien entre les musiciens et le chef, notamment en cas de conflit. Une définition qui lui va si bien.


Bien sûr ne vendons pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué, la France n’est pas encore championne du monde. Le Maroc, habité par une mission vendra chèrement sa peau en attendant le vainqueur de l’autre demi-finale. Devenir directeur de la Scala n’est pas donné à tout le monde…

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