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Photo du rédacteurThomas Patris de Breuil

La culture de l’exigence

Dernière mise à jour : 22 déc. 2020

Dans une autre vie, la jeune académie française avait vivement critiqué Corneille pour le manque de vraisemblance dramaturgique de sa tragi-comédie Le Cid créé en 1637. Son jugement serait surement bien différent à l’égard du PSG. Devenu une tragi-comédie à succès, le club brille par son inconstance. Inconstant dans la qualité du jeu produit, dans sa politique sportive et dans son fonctionnement institutionnel. A chaque étage de la fusée, des dysfonctionnements clairs apparaissent. Un trait d’union : le manque d’exigence.


Le Syndrome institutionnel

Le retour de Leonardo en juin 2019 sonnait comme le retour du messie. Celui qui allait apaiser un vestiaire sous tension et remettre de l’ordre dans une institution sous assistance respiratoire. Les 3 premières mesures de « Léo » furent de virer Antero Henrique en conflit avec l’entraineur Thomas Tuchel, donner de l’air à Nasser Al-Khelaïfi (NAK) pour qu’il se concentre sur ses problèmes judiciaires, et rétablir la paix sociale avec les joueurs. Le boss était revenu. 18 mois plus tard, rien n’est réglé.


Tuchel fait du Trump en pratiquant la politique de la terre Brulée. Succession de conférences de presse surréalistes (le fameux « C’est comme ça » d’un ton hilare pour expliquer la défaite parisienne contre Manchester United en ouverture de Champion’s 2020-2021), positionnement des joueurs incompréhensibles (Marquihnos en milieu défensif et Danilo en défense centrale), sabordage de l’équipe par des compositions hasardeuses, conflits ouverts avec sa direction, déliquescence du jeu parisien. Tuchel a instauré une Neymar-Mbappé dépendance comme seul plan de jeu. Minimaliste quand on s’appelle le PSG. Le coach allemand a déjà annoncé qu’il ne souhaitait pas prolonger son contrat et sans doute s’engager avec Manchester United, cela tombe bien, personne ne le retient. Et surtout pas Leonardo qui ne l’avait pas choisi. Les déclarations de Tuchel sur le mercato estival parisien ont ravivé la hache de guerre entre les deux hommes.


Le Board parisien n’existe quasiment pas. NAK passe plus de temps dans l’avion que dans son bureau parisien, Leonardo se fait extrêmement discret dans les médias, mais aussi au sein du groupe alors que sa parole, souvent intelligente, devrait servir à faire les ajustements nécessaires dans le collectif parisien et recadrer certains. Tuchel compte ses soutiens sur le doigt d’une main et prépare sa meilleure doudoune pour le prochain challenge mancunien. Stabiliser l’institution PSG serait une première étape. Léonardo, à vous de jouer.


Le « cocooning » PSG


Pour les joueurs, la soupe est bonne au PSG. Des salaires plaisants tombent tous les mois, des prestations individuelles choisies sur le volet (lueur d’espoir contre basaksehir puis descente aux enfers contre Lyon 4 jours après) et de faibles exigences sur leurs performances contribuent à créer ce sentiment d’autosatisfaction permanent au sein du groupe. Désagréable impression de ne jamais voir de remise en question dans ce club et de passer pour un intégriste quand on ose critiquer Neymar ou Mbappé. Sans rentrer dans les détails des outrances permanentes du joueur brésilien, personne au sein du club n’ose lui faire des reproches ou lui donner des conseils.

A force de se sentir protégé on se ferme sur ses positions et on n’accepte plus aucune remarque. Tant que Neymar sera convaincu qu’il pourra gagner la « champion’s » en driblant 5 mecs à la suite pour au final revenir sur ses pas et humilier l’adversaire au lieu de donner la balle rapidement comme il sait de temps en temps le faire, il ne changera pas.


Mbappé suit ses pas à la loupe. Depuis la coupe du monde 2018, il ne progresse plus voir il régresse. Malgré des stats bluffantes en ligue 1 et des qualités footballistiques intrinsèques exceptionnelles, il n’a plus cette exigence envers lui-même de progrès, d’écoute et de recul pour identifier ses lacunes. Son inefficacité chronique devant le but, cette obsession du drible qui lui fait perdre nombre de ballons et sa relation avec Neymar ne font pas de lui un meilleur footballeur qu’avant son arrivé au PSG.

Pourtant il en existe des exemples à suivre au PSG, Marquinhos capitaine exemplaire, keylor Navas toujours bon dans les matchs qui comptent ou encore Juan Bernat, l’éternel doublure devenu titulaire sont des repères de constance dans ce groupe parisien.


Une exigence de gestion sportive


Le problème ne concerne bien sûr pas que le PSG mais c’est un exemple révélateur. Il n’est pas normal que tous les ans la même panique à bord règne au sein du club sur les prolongations de contrats des joueurs ou des entraineurs. Outre l’ahurissante prolongation de Laurent Blanc juste avant les 8 ème de finale de champion’s 2016 pour mieux se faire virer 2 mois plus tard et repartir avec une enveloppe d’une vingtaine de millions, la gestion des fins de contrat de ces dernières années est un réel souci.

Pourquoi les cas d’Angel Di Maria , Julian Bernat ou encore Julian Draxler libre en juin 2021 ne sont-ils pas déjà réglés. Comment Adrien Rabiot et Edinson Cavani on-t-il pu partir pour zéro euro ? Difficilement concevable pour un club de ce standing de laisser partir des éléments forts sans indemnités de transfert.


Les attentes considérables autour du PSG nourrissent cette exigence quotidienne. Exigence dans le fonctionnement institutionnel, exigence dans la gestion sportive, exigence envers les joueurs. C’est aussi cela la vie du très haut niveau.

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