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Photo du rédacteurThomas Patris de Breuil

L’Etat d’urgence alimentaire

Dernière mise à jour : 13 mai 2020

Le choix du confinement fût une première inédite en France et dans la plupart des pays touchés par le virus. Selon une modélisation de l'École des hautes études en santé publique, le confinement aurait permis d’éviter 60 000 morts supplémentaires. Chiffre plein d’espoir mais qui ne tient pas compte de la « mortalité invisible », de ceux touchés de plein fouet par les conséquences sociales du Coronavirus, dont le basculement de la précarité à la pauvreté n’est plus très loin.


De la précarité à la pauvreté


Le 24 Avril dernier, le gouvernement a annoncé une aide alimentaire de 39 millions dont 25 millions pour les associations et 14 pour les territoires. Une enveloppe devenue indispensable au vu de l’augmentation exponentielle du nombre de personnes demandant l’aide alimentaire. Avant le Covid, 5,5 millions de personnes recevaient ponctuellement ou régulièrement une aide alimentaire en France.


Travailleurs précaires, indépendants, pigistes, étudiants, stagiaires, jeunes diplômés et bien d’autres sont de potentielles cibles de la précarité. La suspension des cantines dans les écoles n’a pas arrangé les choses. "Depuis la fermeture des écoles, vingt-deux millions de Français ont quitté la restauration collective et mangent à la maison. Parmi ces vingt-deux millions, une petite moitié sont des enfants des écoles, collèges et lycées, et des étudiants, a affirmé Didier Guillaume, ministre de l'Agriculture, mercredi 8 avril à l'issue du conseil des ministres. Les familles doivent donc assumer tous les repas de leurs enfants ; coût supplémentaire non négligeable pour les plus modestes économiquement. Malgré les aides financières et les bons alimentaires délivrés par les collectivités territoriales, l’urgence alimentaire grandit et les inégalités sociales avec. Le coût social du confinement sera lourd.


Les multiples alertes des associations dont la Fondation Abbé Pierre ou encore les restos du Cœur ont permis d’obtenir l’aide gouvernementale de 39 millions. Mais ce n’est évidemment pas une solution à long terme. Des territoires sont en souffrance permanente comme la Seine Saint Denis ou Mayotte. Le point de rupture n’est jamais loin. Jacques Attali disait sur Cnews le 5 mai « La faim fera plus de morts que le virus lui-même ». Prédiction d’autant plus réaliste sur le continent africain.


Le dilemme africain, la peur du covid ou mourir de faim ?


Contrairement à l’Europe et les Etats- Unis, l’Afrique n’a pas attendu des semaines avant de prendre conscience de l’ampleur de l’épidémie, fermer ses frontières et interdire les rassemblements de population.

Nombreux sont les pays africains à avoir pris des mesures de confinement drastiques comme la Tunisie, l’Afrique du Sud ou encore le Nigeria. Mesures sanitaires qui, par effet domino, ont créés du chômage de masse. Pour ces personnes, perdre son emploi revient à perdre tout moyen de subsistance.


La fermeture des frontières a provoqué une rupture dans l’approvisionnement de la chaîne alimentaire africaine. Nombreuses sont les routes fermées même si plusieurs pays laissent les camions d’approvisionnement passer. Le Cameroun continue de fournir des denrées alimentaires au Tchad, au Gabon et en Centrafrique dont la route de Douala Bangui est le seul axe routier permettant de desservir ce pays.

Malgré les efforts des états pour réguler le prix des matières premières, une hausse des prix globale des produits de première nécessité se fait sentir. En quelques jours au Burkina Faso, « le sac de 100 kg de mil est passé de 16 000 à 19 000 francs CFA ».

Une sécurité alimentaire alimentaire déjà instable, fragilisée par la crise du coronavirus.


A l’heure où l’agriculture est la plus grande source de revenu pour 70% de la population d’Afrique de l’Ouest , les engrais et les semences sont introuvables. Un manque à gagner considérable et des parts de marché perdues pour les agriculteurs. C’est tout un modèle économique qui est en danger.


"La faim fera sans aucun doute plus de morts que le virus lui-même ". L’urgence est là. Sans aller jusqu’à soviétiser nos sociétés, le rôle de l’état sera indispensable pour endiguer cet appauvrissement par le chômage et par la faim. Contrairement à la crise financière de 2008, les politiques d’austérité ne seront plus forcément à l’ordre du jour.


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